domingo, julho 25, 2010

Francês: Trecho do livro Les hommes-couleurs

Para ler em francês, as primeiras páginas de Les hommes-couleurs, romance de estreia de Cloé Korman, ganhador do Prix du Livre Inter 2010.

1 - Mexico - 1945, sous la pyramide

Elle ne sait pas que cet endroit s'appelle l'Allée des Morts. Au lieu de la tenue de sacrifice, elle a mis une casquette de baseball et une paire de jeans, et elle avance sans crainte. Florence ne saura jamais où est passé le temps pendant qu'elle parcourait les deux mille mètres de caillasse qui la séparaient de la pyramide - elle s'arrête souvent parce qu'elle a chaud, pendant plus d'une heure elle reste même à l'abri d'un auvent où on peut acheter de la bière à une toute petite fille dans un tablier mauve, et quand elle ressort ses dernières pensées sont distillées par la chaleur, elle continue d'un pas drôlement léger, saluant au passage les agaves au long cou, dont les têtes ont éclaté dans le ciel en fleurs noires et bouclées.

Peu après être arrivée sur le chemin, elle s'est retournée en entendant quelqu'un l'appeler : c'était le chauffeur qui l'avait amenée depuis son hôtel du centre-ville jusqu'à Teotihuacán, et qui lui courait après parce qu'elle avait oublié sa casquette dans le taxi. Ainsi la casquette des Red Sox, bleu foncé avec un B rouge, ne la rejoint sur ce parcours qu'après une centaine de mètres : la tête encore nue, elle redonne quelques sous au chauffeur et, pour la première fois depuis qu'ils sont partis de Mexico, elle regarde en face ce masque de colère, qui ne voit pas ce que vient fabriquer une jeune Américaine seule en blue-jeans dans l'Allée des Morts. Tandis qu'il retient la casquette serrée entre ses mains elle peut voir ses joues creuses, brunes et lisses comme un cuir, et ses yeux blancs qui par contraste semblent presque calcifiés dans leurs creux saignants, comme sont les dents à l'intérieur de sa bouche ouverte et sans lèvres. Il y a peut-être un tarif spécial pour entrer dans ce lieu, pense-t-elle en fouillant dans sa poche pour trouver encore de la monnaie, mais il ne veut pas me le dire, il faut que je devine. Et comme ce n'est pas son genre de trouver aux hommes des têtes d'assassins, elle avance gentiment la main vers la casquette bleue à B rouge, la remet sur sa tête, sourit, et malgré le regard posé dans son dos, elle recommence à marcher.

Au bout de l'allée, la Pyramide de la Lune respire, les flancs dans la poussière. Les pierres hérissées sur ses pentes projettent des ombres instables, dilatées par les traces de ciment. Quand Florence arrive au pied du talus, la pyramide est déjà maculée de rouge, ses pierres sont gonflées et humides, elle transpire. Peut-être une maladie ou de la fièvre, pense Florence tandis que ses yeux fouillent en vain ses hauteurs inaccessibles à la recherche d'une ouverture. Et pourtant elle respire, se dit-elle, il doit bien y avoir une bouche ou un passage vers l'intérieur - et s'il y a un tunnel où mène-t-il ?

Elle se décide tout juste à entamer son ascension quand elle perçoit un léger tremblement dans la façade : comme une goutte d'encre qui se diffuse dans un verre d'eau, quelque chose enfle et s'étire sur les degrés roses. La forme peu à peu se détache de son ombre, elle produit en grandissant deux bras et deux jambes - puis se met en marche. Florence la regarde maintenant qui accomplit sa descente en équilibre précaire, son ombre retenant son corps telle une bouée à travers la lumière. Par la commissure de l'escalier central, la pyramide livre passage à ce tout petit être qui avance en mettant les deux pieds sur chaque marche et en étendant les bras de chaque côté comme s'il prenait appui sur l'air. Une silhouette carrée, brune comme son ombre, et très petite, même en additionnant le bonhomme et son ombre elle se rend bien compte qu'il ne doit pas être plus grand qu'un pied de haricots : « Un enfant, pense-t-elle. Et il va se casser la gueule. »

Elle a déjà gravi les trois premières marches lorsque surgit un homme couvert de poussière, livide et à bout de souffle. La tête renversée en arrière, il s'époumone dans une langue qu'elle ne connaît pas, de sorte qu'elle ne peut distinguer s'il crie des injures ou marmonne des histoires drôles à l'intention du bonhomme perché sur l'escalier : « Je t'ai cherché partout ! T'es un voyou, descends ! » et dans le même souffle : « Non surtout ne bouge pas, je t'interdis de bouger, ne descends pas, je viens te chercher, j'arrive. T'es un voyou, j'arrive. »

Avant de se précipiter dans l'escalier, il se tourne vers Florence et pour la première fois prononce un mot en espagnol, un bête Gracias, avec des larmes pas essuyées et un sourire immense, puis il ajoute une phrase qui est invraisemblable, il faudra à Florence de nombreux jours pour se rendre compte que c'est une proposition invraisemblable : « Attendez-moi ici, je vais le chercher » - et elle répond d'accord et se met tout naturellement à attendre au pied de l'escalier où l'homme se précipite, elle attend qu'il revienne, qu'il cueille l'enfant fugueur et l'enferme dans ses bras, qu'ils reviennent tous les deux, lui et ce bonhomme petit comme un pied de haricots, brun comme son ombre, elle les attend avec impatience, comme si elle les connaissait depuis toujours.

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Um comentário:

Anônimo disse...

lo que yo queria, gracias